%0 Journal Article %T « S’asseoir avec Sogyal Rinpoché ». Lʼapprentissage de la dévotion dans le bouddhisme moderne %A Dapsance, Marion %J The Polish Journal of the Arts and Culture. New Series %V 2015 %R 10.4467/24506249PJ.15.006.4634 %N 2 (2/2015) %P 7-27 %K modern Tibetan Buddhism, charisma, religious learning, initiation, cultural transfers %@ 2450-2561 %D 2016 %U https://ejournals.eu/czasopismo/pjacns/artykul/sasseoir-avec-sogyal-rinpoche-lapprentissage-de-la-devotion-dans-le-bouddhisme-moderne %X In Western-Tibetan Buddhist centres, disciples experience devotion towards their master long before they actually meet him. Whereas sociological studies based on the analysis of conversion narratives assert that the relationship to the lama spontaneously arises from a personal and transformative encounter with a “charismatic” master, ethnographical descriptions of the learning pathway offered by the international Buddhist organization Rigpa show that it is inculcated by the group mostly in the lamaʼs absence. Experienced students teach novices how to relate correctly to the master, using a special language and invisible rituals, first in front of an animated icon which allows the master to become present, then during live theatrical performances by the lama on stage, which give rise to extensive exegesis on the part of the group. The ethnography of practices thus overturns the main thesis put forward by most observers about “Tibetan Buddhism in the West”: the relationship to the master is certainly central, but it takes the form of a compulsory expression of feelings rather than an actual, personal relationship. The submission of Westerners to Tibetan lamas doesnʼt result from an individual choice but rather from an institutional constraint. Résumé Dans les centres bouddhiques occidentaux dʼobédience tibétaine, on éprouve de la dévotion pour son maître avant même de lʼavoir rencontré. Contrairement à ce quʼaffirment les études sociologiques sʼappuyant uniquement sur des récits de conversion, cet article montre, à partir de lʼethnographie détaillée du parcours dʼapprentissage proposé par une association internationale influente, Rigpa, que la relation au maître ne naît pas spontanément dʼune rencontre marquante avec un lama « charismatique » mais quʼelle est inculquée par le groupe bien avant lʼapparition physique  du lama. Des adeptes expérimentés inculquent en effet aux novices la manière dont il convient de se relier au maître, présent dʼabord sous la forme dʼune icône animée, puis physiquement, lors de prestations scéniques qui font lʼobjet dʼune intense exégèse. Lʼethnographie des pratiques renverse ainsi la principale thèse défendue au sujet du « bouddhisme en Occident » : la relation au maître y est certes centrale, mais elle est davantage de lʼordre dʼune expression obligatoire des sentiments que dʼune relation personnelle réelle. Inculquée par le groupe au moyen dʼun langage spécifique et de rituels invisibles, la soumission au lama dʼadeptes occidentaux ne résulte pas dʼun libre choix individuel mais bien dʼune contrainte institutionnelle.